Barthe-Bordereau, Angers : l’art du vitrail

20 septembre 2015Publié par tancrede

Spécialisée dans la création et la restauration de vitraux d’art, Barthe-Bordereau perdure sur la place d’Angers depuis presque deux siècles. Son dirigeant actuel, Philippe Rollo, contribue avec sa petite équipe de 7 salariés, à entretenir le patrimoine angevin et français, et même au-delà des frontières.

« Nous sommes des artisans voyageurs » explique ce maître-verrier, la cinquantaine. « Un métier passionnant qui nous fait rencontrer des personnages hors normes, de l’archevêque au curé de campagne en passant par l’homme d’affaires richissime russe ou le citoyen détenteur de vitraux à rénover. Ils ont en commun cette sensibilité à l’œuvre d’art et à l’Histoire. » Depuis 1846, le savoir-faire de Barthe-Bordereau se transmet de génération en génération. Entré dans l’atelier comme apprenti en 1980, Philippe Rollo a pu bénéficier de l’expérience des aînés. « Toutes les techniques apprises, je les détiens de mon père, lui-même maître-verrier, parti à la retraite en 1998 ».

Méthode traditionnelle au plomb

« C’est un honneur de pouvoir intervenir sur des lieux prestigieux que nos ancêtres ont foulés. Savoir que des anciens ont travaillé sur des vitraux que nous sommes amenés à restaurer avec quasiment les mêmes méthodes, est fascinant» confie Philippe Rollo. Barthe-Bordereau utilise majoritairement la méthode traditionnelle au plomb, avec des feuilles de verre soufflé. Un patron sur carton à l’échelle 1/1 découpé en gabarits numérotés permet de tailler les pièces de verre qui seront ensuite serties de plomb puis peintes (1 200 teintes disponibles) et cuites au four. « Je me rends sur place pour relever toutes les cotes et les mesures. Cela me permet de rencontrer mes prescripteurs et de m’imprégner des lieux historiques. Cette collecte demande de la rigueur et une méthodologie irréprochables car une fois rentré à l’atelier, pas question d’avoir oublié un détail, surtout si le chantier se situe à l’étranger » plaisante le maître-verrier. « Nous travaillons d’après dessins, photos, plans d’origine, calques, empreinte. Nous détenons une banque de vitraux anciens dont certains datent de plusieurs siècles. C’est un gage indispensable de qualité vis-à-vis de nos clients quand il s’agit de rénover des vitraux du XVe siècle avec des matériaux de la même période. »

Patrimoine entretenu 


« De nombreux touristes viennent en France pour découvrir la richesse de notre patrimoine que nous nous devons d’entretenir. Les collectivités locales font appel à des entreprises comme la nôtre pour restaurer les vitraux de monuments historiques. La plupart de notre C.A. est réalisé grâce aux commandes publiques (appels d’offres des mairies, Conseils départementaux, Régions…). Cette année, nous avons enregistré une baisse d’activité, répercussion inéluctable de la restriction budgétaire imposée par le Gouvernement » précise ce chef d’entreprise, soucieux de décrocher des chantiers.  Actuellement, nous restaurons les vitraux du Mont Saint-Michel ainsi que ceux du château de Fontainebleau. Nous avons également participé à l’entière rénovation de la cathédrale de Poitiers qui a duré 5 ans. Nous intervenons également auprès de riches particuliers, soucieux de valoriser leur patrimoine.»

Clientèle étrangère 


Barthe-Bordereau se déplace dans le monde entier (USA, Royaume Uni, Espagne,…) pour restaurer des œuvres détenues par des particuliers. La Région et la Mission Pays de la Loire pour l’artisanat d’art lui apportent une aide précieuse lors des transactions et des démarches (formalités en douane, problèmes de transports…).  Son show-room à Moscou lui permet de toucher une clientèle aisée russe. « En partenariat avec les Ateliers Perrault, nous avons réalisé et fait livrer un blason de 2 m de diamètre pour un immeuble du centre-ville de Moscou.»
Primée « Entreprise du Patrimoine Vivant », Barthe-Bordereau a conservé les maquettes des vitraux fabriqués depuis sa création. Une véritable « banque de donnée » que viennent consulter régulièrement les Archives départementales et le CMN. Philippe Rollo aspire à ce que davantage de jeunes se tournent vers ce métier atypique, pour qui se passionne pour l’art et l’histoire.

Dominique Gruson
Anjou Eco n°41 – septembre 2015

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